Description

Lorsque le confinement a commencé à s’imposer dans nos esprits et nos vies, j’ai été frappée par le sentiment de familiarité que j’éprouvais face à cet état de séparation d’avec mes amis, ma famille et la vie telle que je la connaissais.
C’était comme si j’avais déjà ressenti cela auparavant.

J’ai profité du temps offert par le confinement pour trier des photos prises quelques années plus tôt avec un appareil photo argentique. En les regardant, j’ai remarqué qu’elles exprimaient à la fois un sentiment d’enfermement et une quête d’évasion.

Je me suis rendu compte que prendre ces photos était une façon de respirer, un moyen de me détacher de situations impossibles, afin d’échapper au contrôle de mon partenaire.

Les images préexistantes associées aux violences conjugales ne représentaient pas ce que je vivais. Je ne me reconnaissais pas dans les bleus, les côtes cassées, le sang qui coule.
À travers ce projet, je propose un autre regard sur la représentation photographique des violences domestiques.
J’ai collé certaines de mes photos sur les murs de chez moi, puis je les ai rephotographiées pour traduire visuellement l’expérience émotionnelle que j’avais vécue.

J’en ai ajouté d’autres, telles quelles, pour créer un sentiment d’incertitude et rendre compte de la complexité, de la multiplicité – parfois contradictoire – des émotions ressenties lorsqu’on est enfermé dans une relation toxique.
La solitude, l’adaptation permanente, l’effacement de soi, pour ne pas provoquer le tonnerre qui n’est jamais bien loin.