18.06.2022
— 28.08.2022
vernissage: Samedi 18 juin dès 18h
Dans les années 1960, la communauté Xikrin, dans l’état du Pará au Brésil, comptait à peine une centaine d’individus. La grippe amenée par des chercheurs de noix, contre qui les Xikrin se battaient pour conserver leur territoire, avait fait des ravages dans la région. René Fuerst, ethnologue engagé, avait alors conseillé au chef des Indiens de s’enfoncer avec les siens dans la forêt pour survivre, les sauvant ainsi de la disparition.
Les Xikrin habitent en villages (Aldeias) sur la terre indigène du Kateté, déclarée comme telle en 1977 puis homologuée en 1991. Pourtant en 1986, les autorités de Brasília ont approuvé la création de vingt-deux usines sidérurgiques dans cette région foisonnante de matières premières. Depuis, les implantations d’usines n’ont cessé de se multiplier et de bouleverser la vie de cette communauté.
Ces habitants de la forêt ainsi qu’une grande partie de la biodiversité sont infectés par les rejets polluants provenant d’une industrie minière. Cette multinationale indemnise les Xikrin plutôt que d’assumer cette catastrophe environnementale et humanitaire. Elle met la communauté dans une dépendance pleine de contradictions. En effet, avec cet argent reçu de leur bourreau les Xikrin mettent toute leur énergie non plus à chasser ou pêcher mais à soigner leur population des conséquences de ces contaminations et à rendre visible leur cause mais sans vraiment pouvoir obtenir les moyens de régler ce problème à sa source.
(ENGLISH)
In the 1960s, the Xikrin community in the state of Pará, Brazil numbered barely 100 individuals. The influenza brought by the nut seekers, against whom the Xikrin were fighting to preserve their territory, had wreaked havoc in the region. René Fuerst, a committed ethnologist, advised the group’s chief to take refuge in the forest with his people, saving them from extinction.
The Xikrin live in villages (Aldeias) on the indigenous land of Kateté, declared as such in 1977 and then homologated in 1991. However, in 1986, the authorities in Brasília approved the installation of twenty-two iron and steel factories in this raw material-rich region. Since then, the number of factories has continued to multiply and to profoundly threaten the wellbeing of these communities.
The Xirin, as well as the biodiversity of the forests they inhabit, are poisoned by the pollution of a mining company. This multinational company financially compensates the Xikrin, rather than materially addressing the environmental and humanitarian catastrophe. This condemns the community to a contradictory financial dependence. The Xirin invest the money received from their executioner in mitigating the environmental and health damages inflicted and in raising awareness of their plight, without having the means to continue hunting and fishing or to obtain the power to address the problem at its source.
Photo Neige Sanchez
Photo Neige Sanchez
Photo Neige Sanchez
Né à Genève en 1982 et muni d’un master en arts visuels (HEAD-Genève), Aurélien Fontanet fut l’étudiant de Daniel Schweizer, cinéaste suisse, qui lui proposa de participer à un groupe de travail avec l’ethnologue genevois René Fuerst pour travailler avec les moyens de l’art autour des enjeux territoriaux et culturels des peuples de l’Amazonie. En 2013, il apporte aux Xikrin Hommes Oiseaux d’Amazonie, le livre de René Fuerst, 50 ans après leur rencontre. Ces trois personnes fonderont alors ensemble le projet Amazonian Memory. De « Passeur de message » pour les Xikrin en Amazonie, en exposant notamment au MEG à Genève, en France et au Canada ; Aurélien Fontanet s’est plus récemment engagé comme photographe au côté de la « Genève précarisée » durant la crise COVID 19.