Comme les fruits vite dérobés
D’une vie de privations pétris
A la promesse d’un jus sucré
Tapissent la bouche d’un goût amer

Eté 2025, la Syrie suspendue entre espoir et peur.

Après un demi-siècle de règne des Assad, la dictature s’effondre en seulement deux semaines en décembre 2024. Treize ans de guerre ont laissé le pays exsangue, causé plus d’un demi-million de morts et creusé des divisions profondes. Partout les symboles du régime déchu ont été prestement détruits ou recouverts. Mais sous les apparences festives, la lutte pour le pouvoir continue. Les règlements de compte virent brusquement en massacre de minorités ethniques. Les Syriens retiennent leur souffle ; l’appréhension se mêle à l’impatience.

Des femmes sans voile passent devant les salafistes d’Idlib postés aux carrefours du quartier chrétien de Damas, dans une acceptation mutuelle précaire.

Des bâches se tendent en guise de murs dans les quartiers éventrés de la Ghouta, de Homs et de Hama, tandis que les familles reprennent la route vers les villages désertés, espérant fébrilement que la paix dure. Un pays tout entier doit se réinventer.

Né en 1987 à Genève, Adrien Golinelli a étudié les Lettres à Genève et à Tokyo. Lauréat du Paris Photo Jeune Talent en 2012 pour son travail en Corée du Nord, celui-ci est publié en 2013 aux Éditions de La Martinière. En 2016, il signe un second livre publié par Kehrer Verlag, « Stillborn City », sur la ville fantôme d’Ordos en Chine. Ses travaux ont été largement exposés, notamment à Paris Photo, au festival Voies Off à Arles, à la galerie Krisal à Genève, à la galerie FOCALE, à la Fondazione Querini Stampalia ou encore dans le cadre du festival Photo Phnom Penh. Connu pour son travail traitant des régimes autocratiques, Adrien Golinelli explore avec la série « The Sour Taste of Pomegranate » l’atmosphère aigre-douce de l’après-dictature.