Siempre que estemos vivos nos veremos

Celine Croze

14.04.2024

 — 09.06.2024

vernissage: Samedi 13 avril dès 18h

 

 

Mercredi 17 avril de 17h30 à 18h30

Balade de Visions du Réel à FOCALE

Balade avec Elena Sampedro et Anne Gallot, de la galerie-librairie FOCALE

Celine Croze, « Animal Tropical » de la série « SQEVNV », 2017. ©Celine Croze, courtesy galerie Sit Down.
Celine Croze, « Yair » de la série « SQEVNV », 2015. ©Celine Croze, courtesy galerie Sit Down.

vues d’exposition SIEMPRE QUE ESTEMOS VIVOS NOS VEREMOS, Celine Croze

« Siempre que estemos vivos nos veremos », c’est la dernière phrase que m’a dite Yair. Nous étions sur l’azotea (toit) du bloc 11, la brume enveloppait Caracas, la rumeur folle de la ville ressemblait à un chant funèbre.
C’était une balle dans mon cœur. La conscience de sa propre fin avait quelque chose de terrible et sublime à la fois. Tout était dit. L’urgence de la vie, la fascination pour la mort, l’effondrement du pays. L’extrême violence et l’absurdité de la situation donnait l’impression que la vie n’était qu’un jeu.

Je me rappelais deux jours plus tôt la gallina (arène pour combats de coqs). L’odeur du sang mélangée au rhum et à la sueur, les cris de rage, l’excitation de chaque homme. Une transe impalpable enivrait l’arène. Comme si nous étions tous fous. Comme si le sang, la mort et le pouvoir rendaient plus vivant. L’énergie chaotique de la ville résonnait dans chaque combat, telle une danse qui se déploie, qui reste et pleure, impuissante.

Un mois plus tard, Yair fut abattu. Il avait 27 ans.

Mes errances en Amérique Latine furent traversées par d’autres rencontres saisissantes. Comme ces coqs de combat, je voyais des êtres danser et s’accrocher au désordre. J’y retrouvais à chaque fois cette même sensualité insolente, comme une furieuse provocation, comme un cri d’adolescent amusé par le danger, condamné et libre.

Texte de Celine Croze.

 

 

Celine Croze est une artiste visuelle née au Maroc et basée à Paris, dotée d’une formation en cinéma. Elle est représentée par la galerie Sit Down à Paris. Ses travaux ont été montrés à l’occasion de nombreuses expositions, en Europe et ailleurs dans le monde, telles qu’à la Biennale de Marrakech et du Paraguay, à Paris Photo, ou encore aux Rencontres d’Arles 2023. Elle a remporté plusieurs prix et son ouvrage « Siempre que » de sa série SQEVNV, publié par les éditions lamaindonne, a remporté le Prix Nadar en 2022. Plus récemment, son film photographique « Mala Madre » a reçu le premier prix Screen au festival La Nuu de Rubí et le prix du public aux Nuits Photo à Paris.

 

Finissage le dimanche 9 juin, de 14h à 17h, en présence de la photographe.

 

 

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