Aux marches de l’Empire du Milieu, dans les brumes des montagnes du sud-ouest de la Chine, vivent des minorités demeurées au fil des siècles à l’écart du reste du pays. Paysages d’estampes qui cachent la misère des campagnes…

La modernisation partie de l’est gagne ces régions reculées sous le contrôle des cellules locales du Parti: les villages ont été raccordés à l’électricité, le tourisme Se développe ainsi que la télévision… qui diffuse la propagande du gouvernement et des émissions de variétés. Les jeunes s’en vont travailler dans les usines de la côte orientale tandis que les plus beaux villages sont transformés en éthno-musées.
Tableau d’un monde en cours de mutation, longtemps oublié, aujourd’hui pénétré par la culture Han dominante, mais pas encore vraiment chinois.

Robert Ramser

Voilà trente ans que Robert Ramser est pèlerin de l’Asie traditionnelle en péril. Car le tourisme et ses méfaits s’insinuent dans ce qui fut longtemps un sanctuaire immémorial. A ce titre, le photographe capte ce qui va disparaître et préserve de l’effacement. Il le fait avec une grande délicatesse, un constant respect, une approche sensible, une obstination aussi qui l’honore, car il sait que le temps presse dans ce grand naufrage du patrimoine.

Après une longue quête himalayenne, après des itinéraires birmans, il a exploré les minorités du sud-ouest de la Chine, celles que la progression des Han a éloignées des plaines du nord vers les austères montagnes méridionales. Là, il a établi un rapport juste avec ces rescapés. Son regard sur le regard des gens témoigne de sa qualité à établir le contact et à le restituer.

Robert Ramser est un mémorialiste discret et par là-même incomparable. Il révèle et signifie. J’admire beaucoup sa démarche.

Charles-Henri Favrod