30.08.2015
— 01.11.2015
vernissage: 29.08.2015 dès 17h30
en présence du photographe
présentation de l’exposition: 18h
Vault, 2014
Untitled, 2014
Velours, 2014
Untitled, 2014
Untitled, 2014
Obscure, 2014
Untitled, 2014
Untitled, 2014
Untitled, 2014
Untitled, 2014
World, 2015
FOCALE – Boutographies, un partenariat.
Fortes de maintenant quinze éditions, les Boutographies – Rencontres photographiques de Montpellier, sont devenues l’un des plus passionnants lieux d’échange de la jeune photographie européenne.
L’éclectisme de la programmation permet chaque année la découverte de travaux singuliers, représentatifs ou non des tendances actuelles mais dont la qualité, seul critère de sélection, impose le respect. Rares sont en effet les festivals n’ayant d’autre restriction que de témoigner, selon l’expression de Christian Maccotta, son directeur artistique, d’un « engagement sans concession dans le processus d’expression par la photographie », quel que soit le genre, le style ou l’écriture utilisés.
FOCALE s’inscrit très naturellement dans cette volonté de présenter une photographie d’auteur, aboutie et pertinente, tout en affirmant clairement la ligne qui est la sienne, celle de la mise en avant d’une approche documentaire qui vienne interroger le réel dans toute sa complexité.
Nous ne pouvons donc que nous réjouir de ce deuxième partenariat avec les Boutographies qui a permis au travail de Kleio Obergfell, lauréate du Prix FOCALE – Ville de Nyon 2014, d’être présenté à Montpellier alors que nous accueillons à notre tour Heiko Tiemann.
« Ces images s’inscrivent dans un projet commencé il y a près d’un an, dans une école spécialisée accueillant des enfants souffrant de diverses difficultés d’apprentissage, du syndrome d’Asperger ou d’autres traumatismes, à Duisburg, (Allemagne). Cette école, située dans une région socialement défavorisée, fermera ses portes cette année, suite à un nouveau plan d’intégration sociale, ce qui pourrait causer l’aggravation de tels problèmes. Il y a au sein de notre société des individus négligés, qui sont de moins en moins pris en compte par les structures et les évolutions de notre système.
Qui leur donne la possibilité de s’exprimer, ou même la possibilité d’un projet d’être, en tant qu’individu ?
Je ressens envers ces enfants un profond sentiment de respect et d’humilité. Je ne veux pas les utiliser, mais leur donner une forme d’expression visuelle, dont l’écho sera d’autant plus important qu’il sera uniquement fondé sur une histoire personnelle et une façon d’être propre à chacun d’entre eux.
Le premier aspect de mon travail est ce processus d’implication, où j’ai dû faire preuve d’empathie et de curiosité. En même temps, je devais garder ma sensibilité visuelle en éveil : réussir une symbiose entre l’émotionnel, le sentiment de responsabilité, pour enfin produire des images capables de magnifier la dignité propre à chaque enfant est une tâche délicate, qui ne peut être que superficiellement décrite par des mots.
Je suis conscient que ce travail risque d’être qualifié de « photographie sociale » ou même politique, mais l’enjeu n’est pas aussi simple à catégoriser. Ces images ne sont pas nées d’une mise en scène figée. Elles sont issues de l’observation, de la compréhension, et de l’attention. Ces photographies témoignent d’un processus intense et complexe.
J’ai très soigneusement choisi mon sujet, avec l’intention de m’en imprégner profondément, car je pense que c’est de cette façon que les images peuvent devenir signifiantes.
Ces photographies veulent être à la fois des métaphores et des documents, elles oscillent entre la réalité telle qu’elle apparaît, et l’image que le photographe en restitue. Il existe une connexion invisible entre la réalité présente devant le photographe et l’image qui en est faite.
Je pense que le processus de prise de vue est aussi important que l’image finale qui en découle, et dans mon travail l’une ne peut avoir de sens sans l’autre. Il n’y a pas de narration conventionnelle dans ce travail. Les images sont indissociables les unes des autres, mais certaines fonctionnent très bien seules, et chacune est bien sûr unique dans la série. Elles sont autant de petits mondes autonomes, mais qui interagissent quand ils sont montrés ensemble. »
Heiko Tiemann / Boutographies
Les photographies de Heiko Tiemann sont éminemment silencieuses. L’adresse au photographe que constituent ces regards a lieu dans une sorte de recueillement, de recherche d’un assentiment qui se passerait des mots. Les enfants semblent à la fois intrigués par l’intérêt qui leur est soudain porté, et décidés à lui répondre de toute la présence dont ils se sentent capables, c’est-à-dire d’une présence pleine de pudeur, d’hésitations, de recherche d’empathie, ou bien de défi.
Le photographe étaye leur position dans l’espace par la rigueur de compositions très stables, par des éléments d’architecture, par les objets qui les entourent, semblent les soutenir… car c’est bien de fragilité dont il est question, et c’est sur ce fil tendu que se situe le photographe.
Fragilité de la décision de s’exposer au regard de l’autre, fragilité du lien entre celui qui se laisse voir et celui qui observe, fragilité du sens porté par le rituel photographique. Les images restituent à la fois la quantité des préventions et l’accumulation des incertitudes qui entourent ces enfants, en une métaphore saisissante de ce qu’est leur situation face à la vie.
Christian Maccotta, directeur artistique des Boutographies
Biographie
Né en 1968, Heiko Tiemann a étudié la photographie à la Folkwang Hochschule de Essen puis au Royal College of Art de Londres. Depuis 1996, il expose dans de prestigieuses galeries et institutions en Allemagne, en Angleterre, en Italie et au Japon. Depuis 2001, il a réalisé quatre expositions personnelles, à Essen, Brème, au Goethe Institut de Londres et au studio Tina Miyake de Düsseldorf.