08.03.2015
— 12.04.2015
vernissage: 07.03.2015 dès 17h30
en présence du photographe
présentation de l’exposition: 18h00
ERRATUM: L’exposition se termine bien le 12 avril, et non le 19 comme mentionné sur le flyer, nous nous excusons pour cette erreur!
Eric Le Brun, responsable des Editions Light Motiv, qui ont publié le livre Face Nord de
Charles Delcourt, sera également présent.
Le paysage du Nord est entièrement manufacturé, façonné par l’homme et ses usages. Dans le bassin minier Lensois, les montagnes le sont aussi. Ces montagnes de schistes, appelés terrils, sous-produits de l’exploitation du charbon, dépassent parfois 100 mètres de hauteur et s’imposent au regard, témoins récurrents de l’histoire des lieux, chapelet d’obstacles suivant une ligne Est-Ouest qui entaille ce pays.
Le reportage est rythmé par ces relais visuels. La navigation s’est donc fait « à vue », un terril en appelant un autre… de l’extrémité Ouest du bassin minier, à Bruay-la- Buissière, en allant vers l’Est, jusqu’à Oignies.
Ce travail égraine les sommets, utilisant ce prétexte pour s’attarder sur la vie qui s’écoule aux pieds de ces géants et chercher à définir l’essence des lieux. Aujourd’hui, 20 ans après les dernières fermetures de mines qui les ont créés, les terrils ont évolué de manière indépendante, au gré des intentions politiques ou industrielles, jusqu’à développer une identité propre. On les retrouve donc ainsi : bruts et minéraux ; paysagés par l’homme ou reconquis par une végétation spontanée ; convertis en pistes de ski ou en bases nautiques ; ré-exploités pour leur schiste rouge ; entaillés, aplanis ou même transformés en station d’épuration… Des spectacles, des randonnées, etc… y sont organisés. Entre reconversion, aménagement ou laisser-aller, les scenarii sont très divers. Reste partout l’attachement que leurs portent les proches habitants. Les terrils sont intégrés à l’environnement quotidien, appropriés par les habitants, désormais « voisins » de ces montagnes. La ville s’est étendue jusqu’à les entourer, les « digérer » presque tout entiers. Ils dominent d’anciens corons réhabilités, des collèges, des aires de gens du voyage, des terrains de sport, des zones industrielles ou des parcelles agricoles. Ainsi intégrés à l’environnement et à la vie ordinaire, ils rappellent à toute une population son histoire. Identitaires, ils persistent en repères, « totems » pour une population que le passé minier rassemble.
Charles Delcourt est architecte paysagiste de formation. On retrouve dans ses images un sens aigu de la composition, une mise en espace précise des êtres et des choses. Charles travaille la couleur pour en faire un trait d’union entre ses différentes photos et sujets. Il n’évite pas le décalage – joue avec nos certitudes raisonnées, désarçonne par les clins d’oeil apparaissant dans sa photographie. Il vit sans doute le monde comme un passager souriant et solidaire.
Le livre de Charles Delcourt Face Nord (Editions Light Motiv) a remporté début 2015 Le Prix du Livre du cinquième Rendez-vous Image de Strasbourg.