ils pensent déjà que je suis folle

Roy Kourtney

Filigranes et Le Bal
2014
40.–

Née en 1981 -d’un père bûcheron et d’une mère secrétaire, Kourtney Roy a grandi dans la démesure et la solitude des immensités enneigées du Canada. Des paysages sublimes mais menaçants où, enfant, il est facile de se perdre. Après des études aux Beaux-Arts de Vancouver où elle se rêve peintre, elle découvre la photographie qui «par son potentiel fantastique, suggérait une réalité plus trouble, derrière la façade lisse des apparences.» Touchée par le génie morbide de Joël-Peter Witkin, ses premières séries représentent des animaux sauvages trouvés morts dans la nature ou empaillés par l’homme.

Pour cette immersion dans l’univers du PMU, Kourtney Roy s’est imprégnée des mots de Charles Bukowski et de son obsession des champs de courses. Se détournant du spectacle où se concentre toute l’attention, elle infiltre plutôt les coulisses. Leur décor sans qualité est plus propice à l’improbable. Son corps s’incruste ainsi dans un univers où chaque chose peut être autre chose et n’importe qui quelqu’un d’autre. Où les objets, plantes vertes, accoudoirs, jumelles…. ont pris le pouvoir. Ils dominent la scène, tour à tour menaçants, envahissants, trop brillants ou trop muets.

Dans ses photographies, Kourtney Roy semble présente au monde mais absente à elle-même. Le pourquoi de ces postures incongrues, de ces regards vides est ailleurs, hors champs, nous laissant aux prises avec une violence silencieuse et cachée. Car ce corps-objet semble le plus souvent éteint, débranché, englouti, avalé. Impeccablement sculpté, il tend pourtant vers le camouflage, la soustraction, le retranchement, orchestrant scrupuleusement sa propre disparition.